Denney vu par un ancien

vendredi 16 juillet 2010

Denney vu par un ancien :

(Propos de A. RONOT)

Sans nul doute c’est une gageure de vouloir extirper du passé l’histoire de notre village, surtout que, de plus, cette tâche est confiée à un enfant du pays certes, mais qui n’a pas la perspicacité de l’historien ni les moyens techniques de passer au crible d’une critique scientifique les quelques documents si aimablement communiqués par Mr Muller, curé de Phaffans.

Il ne faut donc voir en cet historien ’d’occasion’ que je suis, qu’un chroniqueur qui se fait l’écho d’une tradition orale et d’un ensemble de communications consignées, souvent d’une façon anarchisante, dans des écrits provenant du clergé des siècles passés, écrits archivés en Suisse du fait que, jusqu’à la révolution de 89, nous étions régis par l’évêché de Bâle.

Au départ il faut admettre l’impossibilité d’isoler notre village du complexe triangulaire Roppe - Phaffans - Denney, tant se retrouvent imbriqués les uns dans les autres les noms de ces trois localités dans les écrits du temps.

De ces trois villages, c’est PHAFFANS qui mit le moins de temps à trouver son orthographe, dès 1286 on le trouve écrit sous sa forme actuelle, avant on parlait de PEFFERANGA (792), PFEFFINGEN (1188) puis FAFANS avant PHAFFANS. La racine allemande nous conduit à penser que Phaffans désignait ce qu’il était effectivement, le village de la cure, du prêtre, de la paroisse.

Quant à Roppe, dès 792 on trouve un ROABACH, puis en 823 un ROTBACH qui devient RODEBACH en 1278 puis ROPPACH. Son origine germanique ne fait aucun doute et signifie ’Ruisseau Rouge’, ce qui le jumelle avec Rougegoutte d’origine française et relativement récente. Cette appellation de ’Ruisseau Rouge’ se trouve justifiée par le fait que le ruisseau qui le traverse avant d’arriver à Denney charrie un limon rouge en période de crue.

Les étymologistes veulent voir dans les racines allemandes que prend tour à tour notre village la désignation du roi de nos forêts : le chêne. Puis on voit successivement : DERNAIX en 1347, (Tuernigen en allemand), DERNENEY en 1434, DARNEY en 1458, DERNEY en 1558, THANAY en 1615, DERNETZ en 1860, DANé vers 1720 et de nouveau DERNEY en 1775 (en allemand Düringen). Un écrit nous parle d’un chapelain de Phaffans, du nom de Jean de DERNERIO (de Denney) un autre de 1589 nous apprend que Jean JORRY, chapelain de St-Nicolas en l’église de Pfaffans est natif de DERNEY.

Il faut savoir que notre paroisse s’étendait de St-Germain le Châtelet à Pérouse et de Vétrigne (Vitringen) à Bessoncourt (Besoncourt dès 1365). Les axes de ce vaste quadrilatère passent par Denney.

Il est utile de préciser que le chapelain était le gestionnaire, le régisseur, l’intendant de la paroisse, il en réglait toutes les questions matérielles. Il habitait à Pfaffans la maison Haudberg, contigüe au cimetière à droite en entrant. Le curé s’occupait de la partie culte, cérémonie religieuse et moralité. Il résidait dans la maison Islen, la cure actuelle était habitée par les fermiers chargés d’assurer l’entretien matériel du clergé paroissial. L’église d’alors était toute petite, elle ne comprenait que la chapelle Saint-Nicolas (transept de gauche consacré aujourd’hui à la Sainte-Vierge). Son clocher à deux pans avait l’allure du clocher de Bessoncourt de maintenant.

Toutes les terres de la paroisse appartenaient au châtelain de ROPPACH, nos ancêtres étaient des serfs attachés à la glèbe qu’ils travaillaient pour les châtelains de Roppe.

L’emplacement du château des ROPPACH est controversé, les uns veulent le voir où est installé Mr JUIF Robert, officier retraité, d’autres le situent au nord du village à l’emplacement de l’ancienne propriété LEHMANN, d’autres enfin et je suis de ceux là pensent qu’il se trouvait sur ce ratelier de champs que l’on voit à gauche de la route Denney - Phaffans au lieu dit ’Le Château’ car les lieux-dits comme tous les noms d’ailleurs rappelaient un évènement, une chose, que sais-je encore.

Dans le Land de Bad en Allemagne existe encore une famille de vieille noblesse terrienne les Trucht Von ROPP qui prétend descendre des Roppach. Je n’ai pas trouvé de documents sur la disparition de ce château, il y a tout lieu de croire qu’il a été démantelé lors de la Révolution de 1789, le vaste domaine des Roppach ayant été partagé et donné à ceux qui le cultivaient.

Entre temps, en 1665, les Roppach avait confié le domaine de Denney à un vassal qui prenait le nom de Jean Ulrich de Dernetz. Plus tard, une descendante de cette famille apportait en dot ce territoire à son mari, François-Christophe de KLINGLIN, prêteur (haut magistrat de justice) à Strasbourg. On trouve trace de son séjour à la maison seigneuriale de Dané (sans nul doute aujourd’hui la propriété COURBOT J-Pierre) pour y percevoir les droits de fermage.

Dans les archives du clergé on trouve à Roppach un lieu de prière, c’est la chapelle Ste-Marguerite dont l’autel fut ramené à l’église de Phaffans vers la fin du XVII e siècle. C’est l’autel que vous voyez à gauche à l’entrée du choeur.

Denney s’illustre autrement que par ses lieux de piété dont on ne trouve aucune trace sur son territoire ; il n’a pas de châtelain mais il a six cabarets pour une population de 218 habitants concentrés au centre du village. Ces estaminets font scandale et les plaintes arrivent à l’évêché : ici, ce sont les gens de Pérouse qui disent que souvent le curé arrive dans leur village en état d’ébriété après s’être arrêté à Denney ! Autre part ce sont des habitants de Denney qui accusent des tenants d’estaminets qui hébergent des ’filles de la ville pour faire boire les hommes’ ! d’autres vitupèrent contre ces couples venus de la ’ville’ pour festoyer et qui font du bruit tard dans la nuit ! ailleurs on dénonce un homme qui quitte sa maison au milieu de la nuit pour aller retrouver une femme seule ! Tous ces délinquants sont convoqués à la cure, et là, ils doivent s’expliquer et s’excuser.

Dieu que le village s’est assagi depuis !

Plus aucun débit de boisson ! Il y en avait un dans la propriété de RONOT Gérard, tenu par ses arrières-grands parents maternels, il ferma son comptoir vers 1902 ; un autre se trouvait dans la maison de SCHMITT Fortuné, tenu par ses beaux parents, il s’éteignit après la première guerre mondiale. Pendant cette dernière où beaucoup d’habitants vendaient du ’pinard’ aux troupes qui cantonnaient régulièrement dans le village, un débit de boisson s’était installé dans ce qui est aujourd’hui la maison communale à côté du monument. A cette époque le pignon touchait la route de Bessoncourt. Ouvert clandestinement, ce cabaret dut se replier dans la demeure occupée présentement par la famille Franze. Entre les deux guerres, un café s’ouvrit tour à tour dans la maison Clerget et Goryn (dernière maison à droite en allant à Phaffans). Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, plus rien. Si vous avez soif, il faut quitter le centre du village et vous diriger vers la ville !

Ici s’arrête l’échotier du village qui vous remercie de l’avoir lu jusqu’au bout.

A. RONOT


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